Pourquoi travailler dans nos organisations ?

Pour donner du sens à sa vie professionnelle et bien entendu pour avoir aussi les moyens de vivre correctement de son travail. Ces deux points posent difficultés et expliquent en grande partie nos problèmes de recrutement mais aussi de maintien de nos emplois. Il se développe dans nos métiers un sentiment d’impuissance et d’usure professionnelle.

La fédération des acteurs de la solidarité AURA

Comment garder du sens ?

– Comment garder du sens lorsqu’on travaille au 115 et passe sa journée à répondre négativement à une population de plus en plus nombreuse et précaire qui fait appel ?

– Comment garder du sens lorsqu’on travaille auprès de personnes à la rue ? Plus de 6500 personne n’ayant pas eu accès à une solution d’hébergement suite à leur appel au 115 dont la moitié sont des enfants, sans compter tous ceux qui n’appellent plus..

– Comment garder du sens lorsque sont remis en cause les principes d’inconditionnalité et de continuité ?

– Comment garder du sens lorsque des personnes sont laissées durablement dans des impasses administratives qui les laissent comme les travailleurs sociaux dans un sentiment d’inutilité et d’impuissance ?

– Comment garder du sens lorsque se développe le discours stigmatisant envers les plus précaires ? Ils sont rendus responsables de leur propre situation et cette stigmatisation rejaillit sur les intervenants sociaux : mettre la faute du coté des plus pauvres, c’est aussi mettre en cause le travail fait auprès d’eux par nos associations.

Evidemment l’engagement de nombre de salariés reste fort mais il s’agit d’un engagement, de plus en plus à durée déterminée.

Ainsi, dans les nouvelles précarités, doit-on inclure celle du travail social lui-même, avec la généralisation des appels à projet, les financements annuels, les financements à l’acte, qui insécurisent salariés et dirigeants de notre secteur.

Peut-on efficacement accompagner la précarité en y étant soumis soi-même ?

Notre secteur sera attractif si nous maintenons du sens à l’intervention sociale mais il le sera aussi par la revalorisation des salaires.

Cette augmentation est indispensable mais elle doit se faire en toute en toute équité, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui :

Les salaires les plus bas ne sont pas concernés, après avoir pourtant été mobilisés pendant la crise sanitaire pour accueillir et garantir de bonnes conditions d’hébergement, entraînant un sentiment d’injustice et de mépris.

A travail égal, des salariés auront l’augmentation, et d’autres non :

  • parce qu’ils n’ont pas le même diplôme (CAP petite enfance)
  • parce que leurs actions n’ont pas le même financement

Des différences entre les territoires, au sein d’une même région, entrainent des disparités de revenu et de revalorisation.

A ces ruptures d’égalité de traitement s’ajoutent des incertitudes sur la pérennisation des aides de l’Etat.

Les démissions et les difficultés de recrutement entraînent la baisse de qualité des services ainsi qu’une impossibilité de répondre à l’ensemble des besoins.

Sur 9 associations, ce qui représente entre 800 et 900 ETP (équivalent temps plein), on constate aujourd’hui :

  • une quarantaine de postes vacants
  • la moitié sont exclues des Segur (pas inclus ou autre financeur, car beaucoup reposent sur un système de multifinancements)
  • pas de lisibilité au-delà de l’année, pas d’engagement pluriannuel.
  • un segur finalement financé par le secteur
  • entre 100 000€ et 230 000€ annuels par asso pour prendre en compte la revalorisation de tous les salariés exclus.

Jean Christophe Combe, ministre des solidarités a déclaré : « Les employeurs doivent prendre leur responsabilité »

Il s’agit d’une mauvaise lecture du secteur. Les ressources que nous percevons sont déployées sur les actions, nous n’avons pas de fonds !!

Ces décisions nous poussent à fermer des services, à augmenter les files actives au détriment de la qualité des accompagnements.

Ne pas revaloriser tous les salaires des acteurs du social, c’est se priver des observateurs de la marge : les premiers à repérer les évolutions. Ils permettent une quantité d’analyse et la mise en place de réponse de qualité. Mettre à mal leur rémunération, c’est se priver d’éléments de construction de politiques publiques et de maintien de la solidarité nationale.

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