Infirmière accompagnatrice au sein d’une association, j’ai rencontré Mr F via une permanence que j’effectuais sur un centre d’hébergement d’urgence à Grenoble. Mr avait une demande d’accompagnement santé avec des problématiques de santé physique et psychologique. Plusieurs suivis ont pu se mettre en place après des mois d’attente et d’organisation (beaucoup de dispositifs de soins sont saturés.). Finalement, le centre d’hébergement d’urgence a fermé et monsieur a été orienté vers un autre centre d’hébergement d’urgence sur Voreppe. Celui-ci est situé à 25 min en TER, 1 h à vélo, 3 h à pied de la gare de Grenoble. N’ayant pas d’abonnement pour le train ni d’argent pour payer les billets, les déplacements à Grenoble sont vite devenus compliqués (beaucoup d’amendes). Il s’est rapproché d’une association de réparation de vélo qui l’a aidé à en obtenir un. Il faisait donc tous les trajets à vélo et parfois à pied lorsque son vélo présentait une panne, n’ayant pas les moyens de le réparer. Au vu de la difficulté à se déplacer, nous avons trouvé un médecin traitant proche du centre d’hébergement de Voreppe.
Cependant, plusieurs suivis médicaux ont dû se poursuivre sur Grenoble, mais de manière très décousue au vu de la difficulté de monsieur à se rendre jusqu’aux lieux des rendez-vous. À ce jour, je ne l’accompagne plus, mais j’ai appris qu’il a fait le choix de quitter le centre d’hébergement pour revenir sur Grenoble (hébergé chez un ami) au vu des difficultés rencontrées dans le centre. Ses suivis médicaux ne sont plus en place du fait d’absence à répétition et sa situation administrative est compliquée sans suivi social.
Son médecin traitant étant au final proche du centre d’hébergement de Voreppe, il ne va plus le voir et il est actuellement quasi impossible de retrouver des médecins acceptant de nouveaux patients sur Grenoble.
Ainsi, l’isolement du lieu d’hébergement et la non mise à disposition de moyen de déplacement ont eu pour conséquence une rupture de soin pour ce monsieur qui en a pourtant besoin.