Médaille du mérite remise dans l’intimité associative : une récompense pour un travail collectif

Cette médaille, remise à titre individuel sur proposition au ministère des Solidarités et de la santé par la fédération nationale des Acteurs de la solidarité, constitue de fait une reconnaissance pour l’ensemble des associations et équipes du Groupement et de la Fédération des Acteurs de la solidarité pour leur travail, leur engagement au service des personnes en situation de précarité, de pauvreté et de sans-abrisme.

Comme souvent toute récompense, celle-ci vient donc souligner un travail essentiellement collectif. C’est pour cela que le récipiendaire la partage à travers des remerciements. Je ne dérogerai pas à cet usage qui en l’occurrence est particulièrement signifiant pour moi plus intéressé par les dynamiques collectives qu’individuelles que ce soit au niveau des personnes ou des organisations.

Merci tout d’abord à Maryse Bastin qui m’a fait l’amitié d’accepter de me remettre cette médaille. Elle est témoin d’actions, de plaidoyer portées ensemble tant à la FAS nationale, que régionale que plus localement comme avec la création du Collectif SOIF ou avec les liens nos associations et Ocellia. (…)

Merci aux équipes salariés et administrateurs de la Fnars puis de la FAS pour leur confiance, leur engagement, leur soutien. Je pense que cette proposition de médaille vient en partie du pilotage national qui m’avait été confié sur le statut unique lorsque j’étais administrateur national, organisation qui devait permettre de sécuriser à la fois le droit des personnes logées hébergées, accompagnées par nos dispositifs et les structures gestionnaires. Une grande partie des chargés de mission du national avait alors participé à cette élaboration qui nous avait fait rencontré nombre d’adhérents et de réseaux partenaires sur différentes régions. Notre travail avait fait l’objet de propositions ensuite à l’Etat, sans encore beaucoup de suite à ce jour même si dernièrement la qualité de cette production a été encore soulignée par un responsable de la Délégation interministérielle. J’avais pu être ainsi témoin, de leur force de travail mis à disposition de convictions et de valeurs fortes. Mais j’ai bien entendu un attachement particulier pour la fédération régionale. J’ai beaucoup appris aux côtés des administrateurs et salariés. La fonction de Président exercé pendant 7 ans, consiste à représenter, écouter, contribuer à l’animation et la définition des actions et des plaidoyers dans le respect des valeurs qui animent la fédération. Et elles sont fortes. La Fnars Rhône alpes devenue la FAS Auvergne Rhône Alpes a souvent constitué l’un des poils à gratter du national avec un engagement politique constant et cette action militante a certainement contribué à sa valorisation à travers cette médaille qui m’est aussi remise en tant qu’ancien président régional.

Merci aux équipes salariés et administrateurs de nos associations, de l’Oiseau Bleu puis du Relais Ozanam puis de l’Oiseau Bleu et du Relais Ozanam. En 2017, le journal La Croix avait fait un article me présentant, avec d’autres, comme l’un des nouveaux héritiers de l’Abbé Pierre. C’était plutôt drôle et n’avait convaincu que ma maman. Au moins lui, il avait refusé la médaille ce qui montre que je suis très loin du modèle. Dans cet article il était mis en avant la capacité de notre association à multiplier les initiatives, à innover, à adapter en continu ses pratiques pour répondre aux besoins, pour mieux prendre en compte les personnes qui font appel à nos services et leur compétence. Mais ces différentes idées, ces différentes actions, elles ne sont pas hors sol, elles sont issues du terrain, de vos remontées, de vos remarques, questionnements et parfois indignations. Je sais parfois que cette propension à développer de nouveaux projets a fatigué mais si nos associations ne le font pas, qui le fera ? Les politiques publiques sont toujours à la traine des initiatives associatives. C’est pour cela que nous défendons sans cesse notre position de partenaire et non de prestataire ou d’opérateur des collectivités.

Merci à mes collègues directrices et directeurs, pour nos échanges, conseils réciproques qui permettent d’éviter un sentiment trop fort d’isolement, qui ont permis aussi le montage de projets collectifs et bien entendu une pensée aussi particulière pour Chrystel Tarricone pour le soutien mutuel depuis nombre d’années.

Merci aux personnes accompagnées, logées, hébergées côtoyées toutes ces années. J’ai évidemment beaucoup appris avec elles en tant qu’éducateur puis comme cadre dirigeant. Leur écoute, leurs apports donnent du sens à notre travail. Reconnaitre au-delà du soutien sur leurs difficultés, le savoir d’expérience, accepter de redonner du pouvoir que parfois le travail social a trop accaparé, constitue aussi une démarche politique, de lutte contre la stigmatisation des plus pauvres et précaires bien souvent renvoyés vers la responsabilité de leur situation de précarité. Cette mise en avant des ressources plutôt que des faiblesses, nous la développons dans nos associations et nous sommes aussi reconnus aujourd’hui en cela.

Je les remercie aussi pour les moments chaleureux passés ensemble. En tant que directeur, si on a un petit coup de mou, le meilleur conseil est d’aller boire un café avec les résidents pour retrouver rapidement de la pertinence à nos actions et se rebooster. (…)

Une pensée aussi et enfin sur la valeur symbolique de cette médaille et qui m’a fait finalement l’accepter. Une pensée pour Julie d’origine italienne et à José, portugais, à Buenaventura et Filipa, espagnols d’andalousie, tous les 4 grands-parents réfugiés économiques, réfugiés de guerre, stigmatisés, communautarisés, essentialisés, une famille de laborieux au bon sens du terme : travailleurs, vaillants… Aux croyances parfois simples car comme des évidences que ce soit en dieu ou au communisme. Cette médaille de la république à leur petit fils est aussi un beau doigt d’honneur à ceux qui nous déshonore, qui rejettent l’étranger en n’en voyant qu’une source de problèmes et non de solutions et de richesse pour la communauté.

Et pour finir, si mérite il y a c’est sur la capacité à rester indigné.

Francis Silvente

Directeur Général Groupement des Possibles

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