Cycles & Go est une association loi 1901 qui cumule trois spécialités : un atelier de vélo, un système de récupération et réparation des vélos anciens et un chantier d’insertion employant 18 personnes dont 13 salariés en parcours. Petit tour de l’équipe des salariés permanents : Valérie, directrice de l’association, Pascale, qui gère l’administratif et la comptabilité, ainsi que 3 encadrants techniques, Dominique , avec la double casquette CIP, Camille et Colin, encadrants et en charge des prestations entreprises
Cycles & Go, en quelques mots ?
« C’est un lieu où on donne une chance à des personnes à la vie compliquée, qui eux même donnent une deuxième vie à un vélo. »
L’association a deux types de clients : les entreprises et les particuliers. Cycles & Go a déjà 23 ou 24 entreprises partenaires, cette activité représente un tiers de leur chiffre d’affaires.
L’association est membre du Groupement des Possibles mais également de Fabricanova, au niveau départemental, et de la FUB, Fédération française des usagers de la bicyclette, au niveau national.
Fabricanova est un collectif d’entreprises, d’associations et de collectivités Iséroises au service du réemploi. La FUB, quant à elle, est une association à but non lucratif, qui a pour objectif de favoriser l’utilisation de la bicyclette comme moyen de locomotion au quotidien. Notamment grâce à leur réseau d’associations locales, la concertation avec les pouvoirs publics, et les campagnes de communication auprès du grand public. L’association essaye également d’apporter des réponses aux soucis quotidiens des cyclistes.
Grâce à tous ces partenaires, Cycles & Go peut faciliter l’accès à un financement pour transformer la politique de mobilité du Groupement des Possibles.
Tout d’abord, grâce à des ateliers d’apprentissage du partage de la route : comment circuler en ville à Grenoble ? Comment s’applique le code de la route ?
Ensuite par l’apprentissage de petites réparations pour acquérir les bases de l’entretien vélo : freins, transmission (chaine, dérailleur) et crevaison.
« Un vélo, c’est un véhicule, donc c’est aussi un entretien au moins une fois par an, deux dans l’idéal. »
Les vélos sont utilisés au quotidien, il faut donc les entretenir. Cycles & Go organise une demi-journée de révision du parc de vélo de l’entreprise, avec possibilité pour les collaborateurs de réviser leur vélo personnel, dans la limite de 12 bicyclettes. Ces journées sont animées par un encadrant technique, souvent Colin, accompagné par au moins 1 salarié en parcours ; cette journée lui permettant d’acquérir la compétence du travail en lien direct avec le client sur le lieu de l’entreprise.
Les salariés en parcours peuvent être orientés grâce à STEP’s, qui permet de re-découvrir le cadre d’un emploi à son rythme. Le contrat de travail est établi par le groupe Économique Solidaire Ulisse, un acteur qui a pour objectif de favoriser l’accès ou le retour à l’emploi de personnes engagées dans un parcours d’insertion sociale. Les salariés bénéficient d’une formation technique, d’une formation de vente, d’une formation polyvalente : ces formations leur permettent d’acquérir des savoirs être en entreprise et de comprendre leur fonctionnement.



Zoom sur le métier d’encadrant technique chez Cycles & Go : interview de Camille
Camille est encadrant technique, il fait en sorte que l’atelier tourne correctement : réparation, gestion client, vérification des vélos qui sortent, vérifications auprès des salariés que tout va bien, vente, gestion des stocks, etc… Son travail c’est d’accompagner, contrôler, valider. Camille a participé à sa première formation CIP (conseiller en insertion professionnelle) sur l’addiction très récemment.
« Il faut un nombre de connaissances fou pour être CIP, je vois bien que Dominique prend du temps pour aider les salariés d’un point de vue personnel, logement, confiance en soi, RSA, demande administrative, etc… Il connaît tous les partenaires, les instituts, les choses à faire, tout. […] La formation était top, ça me permet de comprendre à postériori des salariés que j’ai pu rencontrer, comprendre pourquoi ils se comportaient comme ça, certaines réactions, comment j’aurais pu réagir. »
Avant Cycles & Go, où étais tu ?
« Avant Cycles & Go, c’était 10 ans d’études dans le domaine de l’eau en tant qu’ingénieur, donc rien à voir. Post-confinement, post-naissance de ma fille, j’avais besoin de me concentrer sur des valeurs plus locales. Il y a eu tout une remise en question de à quoi ça sert concrètement de faire autant d’études, surtout pour finir à l’autre bout du monde alors qu’il y a des problèmes juste là. Je voulais me reconvertir dans le domaine du vélo, j’ai fait des recherches, et en fait, j’ai trouvé Cycle & go par hasard. Je connaissais pas du tout le social et le monde de l’insertion. Ça fait un an et 3 mois que je travaille ici. Je trouve tout ça vraiment intéressant »
À quoi ressemble une journée de travail ?
« Dominique est déjà arrivé à 9h. Donc quand j’arrive à 10h tout est déjà installé. Je profite du fait qu’on soit 2 pour traiter les mails qu’il y a, pour faire les commandes. Sinon ce sera des coups de main aux salariés et du contrôle de vélos. On a un minimum de 8 à 10 salariés, sans compter les bénévoles. Les après-midi, quand je suis seul, c’est le moment où je cours un peu partout : répondre au téléphone, aux clients sur place, aider les autres si besoin, faire des verif. Le but c’est de rendre autonome les salariés sur tout ça, de pouvoir leur faire confiance. Que ce soit pour leur formation ou pour nous décharger quand même un peu. Les 30 dernières minutes de la journée je les savoure. C’est vraiment le moment où on souffle après la course. Je peux faire le point tranquillement et ça me permet de planifier la journée de demain. »

Pour réparer un vélo, quelles sont les étapes ?
« On reçoit d’abord le vélo, on se demande si ça vaut le coup d’être réparé. Si tout est rouillé, fissuré, etc, On va plutôt le démonter, récupérer les pièces et trier le reste : on le désosse complètement. Par exemple, un vélo enfant, c’est 30 ou 40 euros. S’il est abîmé et qu’on a déjà du stock en vélo enfant, ça ne vaut pas le coup non plus. On évalue le temps que ça prend et le prix du vélo aussi. Si jamais on le remet en état, on va garder toutes les pièces bonnes, donc juste resserrer les freins par exemple, et sinon on va changer les autres. Changer la chambre à air, le câble des vitesses, etc. Après avoir vérifié que tout est OK, on va à l’extérieur et on le teste. Enfin, on va le mettre dans le magasin avec un numéro de série et le bicycode, un code pour lutter contre le vol. »
Les dernières nouvelles ?
« On abandonne enfin le camion, en tout cas en grande partie. On fait maintenant 80% de nos déplacements à vélo : On a un vélo-cargo électrique, on va en avoir un deuxième , et ça c’est génial ! On a au moins un déplacement par semaine. »
Comment imaginer l’avenir de Cycles & Go, idéalement ?
« Idéalement, plus de camion du tout ! Peut-être ponctuellement, parce qu’on en aura toujours besoin mais si 99% de nos trajets se faisaient à vélo, ce serait top ! Ensuite, on ferait des vélos électriques, c’est quelque chose qui a explosé ces dernières années et il faudrait qu’on s’y mette. Sinon être au centre-ville aussi, changer de secteur ça serait pas mal. Déjà parce qu’on aurait plus de clients et ensuite parce qu’on a cette image là de l’insertion, liée à l’exclusion, et le fait d’être décentré, ça rajoute quelque chose de l’exclusion sociale et géographique. Alors ici, c’est vrai qu’on a énormément de place, on peut stocker énormément de vélos, mais être au centre-ville, ça serait vraiment un plus ! »
Merci à l’équipe de Cycles & Go pour ces échanges !